En tant qu’expatrié, travailleur humanitaire ou conjoint accompagnant, développer une bonne écoute est essentiel dans un grand nombre de situations. Et pourtant ce n’est pas toujours facile !
Les recherches du Dr. Brené Brown sur la honte ont souligné que, ce dont les gens ont le plus besoin, c’est d’être entendus !
À ce titre, le plus incroyable cadeau que nous puissions offrir aux personnes qui nous entourent, c’est notre écoute ! Un espace pour réfléchir et exprimer à voix haute ce qu’elles pensent et ressentent.
L’importance de l’écoute en expat et dans l’humanitaire.
Développer une bonne écoute est essentiel dans toutes sortes de situations en expatriation ou dans l’humanitaire.
Que ce soit auprès des personnes d’une culture différente de la nôtre avec qui l’on vit et travaille au quotidien, ou avec ses enfants lors de la préparation d’un départ ou d’un retour d’expatriation, ou encore avec sa famille et ses amis restés dans leur pays d’origine. C’est aussi primordial pour les humanitaires qui font face à des personnes souvent en grandes difficultés. D’ailleurs, l’un des facteurs le plus souvent cité comme un défi en cours d’expatriation, c’est justement sa relation aux autres, en particuliers celle avec nos proches restés au pays.
Pour toutes ces situations et bien d’autres encore, la clé de la réussite se trouve dans l’écoute que nous pouvons offrir à ceux qui nous entourent ! Pourtant, bien écouter est extrêmement difficile !
Beaucoup de choses peuvent se mettre en travers d’une écoute de qualité : notre propre ressenti face à ce qui est dit, notre envie d’aider et de donner des conseils, parfois notre inconfort face à certaines émotions, aussi la peur des silences, ou alors nos croyances, jugements, attentes et différences… voire, notre ego.
Je vous dévoile ici quelques secrets pour développer une bonne écoute !
#1 – Écouter et juste écouter.
Lorsqu’un proche nous communique ce qu’il pense ou ressent, le premier réflexe est souvent de lui donner des conseils, proposer des actions, de l’aide ou du soutien. En tant que parent, c’est encore plus exacerbé, parce que nous pensons devoir le guider. C’est un premier réflexe naturel et bienveillant, en particulier lorsque nous faisons face à des émotions difficiles comme la tristesse, la colère, la honte.
Pourtant celui ou celle qui partage son histoire ne recherche souvent rien d’autre que d’être entendu. Et pour se sentir entendu, la clé, c’est l’écoute sans jugement, sans conseil, sans attente, sans projection.
Celui à qui nous offrons cet espace saura de lui-même trouver ses réponses et solutions.
#2 – Des questions plutôt que des conseils.
Les conseils, même si bien intentionnés, sont malheureusement souvent contre-productifs. Et ce pour la simple et bonne raison que nous sommes tous différents. Notre cerveau s’est construit une carte mentale unique, basée sur nos expériences personnelles. Chacun crée la sienne qui diffère de celles des autres. Et c’est pour cette raison que notre cerveau accepte mal les conseils des autres, qui ne s’intègrent tout simplement pas bien à sa propre carte mentale.
Par ailleurs, notre cerveau a été formaté avec un fort besoin d’autonomie. Il aime être en charge, avoir le choix et le contrôle.
Plutôt que des conseils, notre cerveau préfère largement les questions. D’une part, parce qu’il fonctionne et pense sous forme de questions. D’autre part aussi, parce qu’elles lui offrent cette autonomie qu’il aime tant !
Poser des questions plutôt que donner des conseils permet à celui qui partage son histoire de se sentir acteur et en charge de la recherche de solutions. Les conseils peuvent éventuellement venir plus tard, quand ils seront explicitement demandés.
#3 – Quatre attitudes pour bien écouter.
Pour bien écouter, il est utile de se mettre dans une posture délibérée d’écoute. Je vous donne ici mes tactiques de coach. Dans toutes mes séances de coaching, je privilégie ces 4 attitudes :
- Écouter sans interrompre : Ça a l’air très simple et pourtant c’est difficile ! Écouter vraiment, sans se demander quel pourrait être le prochain conseil, la remarque pertinente à faire ou la question suivante à poser. Écouter et apprécier les silences : offrir un véritable espace à notre interlocuteur, où il peut réfléchir et s’exprimer à haute voix !
- Reformuler ce qui a été dit : En reformulant ce qui a été dit, nous nous assurons d’avoir bien compris, et surtout, nous donnons la possibilité à notre interlocuteur d’entendre ce qu’il vient de dire, de rectifier si besoin et d’ainsi clarifier encore un peu plus sa pensée.
- Poser des questions : Comme expliqué plus haut, au lieu de conseiller, nous pouvons poser des questions pour l’aider à réfléchir encore un peu plus en profondeur. Des questions curieuses et bienveillantes : « De quoi as-tu besoin ? Quelles sont tes options ?».
- Confirmer : Faire savoir à notre interlocuteur que l’on comprend ce qu’il nous exprime, en disant par exemple « Ce que tu dis fait sens parce que… », « Je comprends que… parce que… ». Même si nous ne sommes pas entièrement d’accord avec ce que la personne nous communique, en confirmant ce qui a été dit, nous lui faisons savoir que nous comprenons, sans y apporter notre propre jugement sur la situation.
#4 – Comment poser de bonnes questions.
Il y a de bonnes et de mauvaises questions. Je vous propose quelques astuces pour identifier les bonnes questions.
- Questions ouvertes : S’assurer que la réponse ne se satisfasse pas d’un « oui » ou d’un « non », mais qu’elle nécessite une réflexion. Au lieu de « Es-tu fâché ? », plutôt dire « Comment pourrais-tu décrire ce que tu ressens ? » ou « Qu’est-ce qui te fâche précisément ? ». Commencer nos questions par des « Comment… ? Quels… ? Que… ? ».
- Questions sans intention : Éviter les questions qui donnent les réponses ou poussent dans une direction. Au lieu de « N’aurais-tu pas intérêt à changer d’amis ? », demander « Que penses-tu de tes amis ? ». Plutôt que dire « Ne devrais-tu pas faire cela… ? », demander « Que pourrais-tu faire ? »
- Éviter le « pourquoi ? » : Le « pourquoi ? » implique un jugement. Plutôt que de dire « Pourquoi as-tu fait ça ? », demander « Si c’était à refaire, que ferais-tu différemment ? ».
- Questions de sentiments : Se concentrer sur ce que la personne ressent, plutôt que sur ce qu’elle dit : « Qu’as-tu ressenti quand il a dit ça ? », « Que penses-tu de ce qu’elle a fait ? ».
- Mes questions préférées : Les questions que je trouve particulièrement utiles, parce qu’elles permettent de trouver des solutions et d’avancer, sont : « Quels sont tes choix ? », « Qu’est-ce que tu veux ? », « De quoi as-tu besoin ? », « Que dirais-tu à ton meilleur ami dans cette même situation ? ».
- Être à l’écoute et curieux : C’est tout bête… en étant simplement à l’écoute et curieux, sans jugement ni attente, nous trouvons naturellement les questions à poser.
#5 – Des astuces supplémentaires pour une bonne écoute
- Se mettre à la place de l’autre : Se mettre à la place de l’autre, voir la situation de sa perspective (selon ses expériences, son âge, son caractère, sa situation). Essayer de ressentir ce qu’il ressent… et ne pas laisser ce que nous ressentons prendre le dessus !
- Ne pas juger : Ne pas juger la situation ou la personne, ne pas projeter notre propre opinion, peur ou envie. Des commentaires comme « Ton ami ne te mérite pas ! » ou « Tu es formidable et ils vont vite le comprendre » sont des jugements, même si positifs, qui n’aident pas la personne à avancer.
- Ne pas vouloir rassurer à tout prix : « T’inquiète pas ça va aller ! » donne le sentiment de ne pas être entendu. Plutôt dire « Je comprends ce que tu ressens » et enchaîner avec des questions telles que : « De quoi as-tu besoin ? », « Quel soutien te serait utile ? ».
- Le silence est roi : Laisser des silences permet d’ouvrir la porte à ce que des choses inattendues s’expriment. Les silences sont puissants, je le vois tous les jours dans mes séances de coaching. Laisser intentionnellement du temps à l’autre pour réfléchir, ne pas combler à tout prix les silences… c’est souvent dans ces moments-là, ces silences-là, que notre interlocuteur aura un « Euréka ! », une idée, une solution !
Et pour les situations les plus sensibles :
- Confidentialité : Selon les circonstances, rappeler que tout ce qui est discuté reste confidentiel. Ce simple rappel de confidentialité rassure et permet de favoriser une discussion de confiance.
- Remplacer le « tu » par un « je » : Lors de discussions sensibles, lorsque nous avons envie ou besoin de partager nos sentiments, plutôt que de dire « tu », utiliser « je ». Au lieu de « Tu aurais pu m’en parler ! », dire « J’aurai aimé être au courant. ».
Conclusion
Savoir écouter, ça s’apprend et se travaille ! Savoir écouter, c’est essentiel dans la vie, et en particulier lorsqu’on évolue à l’étranger ou dans le secteur humanitaire !
Je t’invite à tester toutes ces petites astuces citées plus haut ! Si elles te conviennent, utilise-les aussi souvent que possible pour les ancrer en toi ! Sache que plus la personne t’es proche, plus c’est difficile d’avoir une bonne écoute ! Pourquoi ? Parce que nos filtres, nos peurs, nos envies teintent nos discussions et réactions. Toutefois, ce n’est pas impossible ! Il s’agit de s’entraîner encore et encore.
Si tu souhaites m’en dire plus…je suis à ton écoute ! N’hésite pas à me communiquer ce que tu en penses !