Je fête mes 30 ans d’expatriation ! Jamais je n’avais imaginé cumuler autant d’années à l’étranger ! Sans compter que ça ne me rajeunit pas !
Pour célébrer cette étape, j’ai eu envie de revisiter mon parcours et d’en tirer un bilan, ou plutôt de petits bilans ! Aujourd’hui je te raconte tout, ou presque !
JE T’EN PARLE DANS CETTE VIDEO (si tu préfères la visionner sur Youtube, c’est par ici)
SI TU PRÉFÈRES LIRE, c’est par ici.
Ma vie d’enfant expatriée
Lorsque je parle de mes 30 ans d’expatriation je n’inclus pas mon enfance. Pourtant, avant de m’installer avec mes parents et mon petit frère en Suisse à l’âge de 4 ans, je suis née au Congo-Kinshasa et j’ai vécu en Allemagne.
Ces années de ma petite enfance ont forgé m’a destinée parce qu’à l’âge de 8 ans, j’avais déjà un plan : celui de devenir institutrice et partir enseigner en Afrique !
Je dis souvent que, comme Obélix, je suis tombée dans la marmite de l’expatriation et ça a influencé ma vie !
Bilan :
Pour ma part, mon enfance a clairement été moteur dans ma décision de partir travailler à l’étranger. Ayant depuis accompagné beaucoup d’expatriés, je sais combien les motivations qui nous poussent vers la mobilité internationale sont aussi diverses que personnelles !
Ma première expatriation à 21 ans dans la solidarité internationale.
En 1994, mon diplôme d’enseignante primaire à peine en poche, j’ai cherché une organisation humanitaire qui serait prête à m’envoyer travailler en Afrique.
J’ai eu l’incroyable privilège que DM me donne ma chance, alors que je n’avais que 21 ans et aucune réelle expérience professionnelle ! J’ai été envoyée à Madagascar pour un an et j’y suis finalement restée 3 ans.
J’ai découvert le monde la solidarité internationale et de la coopération au développement, participant à divers projets éducatifs autant au niveau local que national.
C’était l’époque où internet n’existait pas ! On s’écrivait des lettres qui mettaient 3 à 5 semaines pour arriver à destination. Je n’avais les moyens d’appeler mes parents qu’une fois par an pendant 3 minutes.
J’étais enseignante et donnais des cours de français dans une école de 1100 élèves de la maternelle au baccalauréat. C’était la première fois qu’une étrangère y travaillait et j’étais la seule blanche de la ville. Je vivais dans des conditions très locales et assez rudimentaires !
Au début, quand j’entrais dans les salles de classe, les plus jeunes élèves pleuraient en me voyant, croyant que la « Vazaha » (l’étrangère) allait leur manger les oreilles ! Puis très vite, j’ai été intégrée. Quand j’allais faire le marché, les enfants m’accostaient en me saluant d’un « Chalut Nanchy ! »
Bilan :
Tu t’en doutes, j’ai vécu une expérience unique. Ça été une expatriation pas comme les autres où je vivais seule en immersion totale dans la culture locale.
J’ai dû apprendre à m’intégrer, me faire accepter et me créer un réseau social et de soutien malgré mes différences ! J’ai dû m’adapter à des conditions de vie très basiques. J’ai également dû ajuster ma manière d’enseigner aux réalités locales avec des classes de 50 élèves et peu de moyens.
Cette expérience a été tellement formatrice qu’elle m’a permis de construire une confiance en moi inestimable. J’ai énormément appris des autres et surtout sur moi ! J’ai réalisé que j’avais de grandes capacités d’adaptation !
J’ai des souvenirs mémorables de cette période et je souhaite à tous les jeunes de vivre une expérience similaire au moins une fois dans leur vie !
Ma seconde expatriation et une reconversion professionnelle dans la musique.
En 1997, j’ai fait le choix de quitter Madagascar et d’aller vivre à Bordeaux en France. J’ai rejoint mon partenaire de l’époque, un artiste malgache ! Je me suis reconvertie en devenant manageuse, régisseuse et attachée de presse pour des musiciens professionnels.
J’ai intégré un milieu qui m’était totalement inconnu ! Je suis devenue intermittente du spectacle. J’ai travaillé pour une association qui produisait différents groupes des musiques du monde. J’ai intégré les coulisses de petits et grands festivals français et européens, rencontré des célébrités, travaillé pour les Pink Martini, accompagné des artistes sur des plateaux télé, émissions radios, studios d’enregistrement et… aux Victoires de la musique !
J’ai aussi connu, comme souvent dans ce milieu-là, l’instabilité financière, les petits boulots d’appoint et les difficultés à payer mes factures en fin de mois.
Bilan :
Vivre en France ne comportait pas de gros enjeux d’adaptation culturelle. En revanche, pour moi qui avais toujours voulu être institutrice, voilà que je changeais déjà de métier et de milieu professionnel !
J’ai appris à écouter mon cœur plutôt que ma raison. J’ai compris l’importance d’oser saisir les opportunités, même les plus insolites. J’ai réalisé que tout est possible du moment qu’on se fait confiance et qu’on est prêt à sortir de sa zone de confort. C’est ce qui m’a amené à vivre une vie que je n’aurais jamais imaginée !
J’ai constaté que j’avais de vraies qualités organisationnelles et relationnelles absolument nécessaires pour accompagner des artistes. J’ai aussi appris la débrouille et compris que la précarité est une situation qui peut arriver à tout le monde, à un moment ou un autre de sa vie !
Un virage professionnel : 10 ans dans l’humanitaire en contextes d’urgence.
En 2000 (après ma rupture avec mon partenaire de l’époque), j’ai ressenti le besoin de retourner dans l’humanitaire à l’étranger ! J’ai postulé auprès de plusieurs organisations humanitaires et c’est le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) qui m’a engagée !
J’ai travaillé 10 ans pour le CICR. Sur le terrain, j’ai vécu en Palestine, en Tchétchénie, au Congo, au Soudan et en Irak. J’ai appris un tout nouveau métier dans des contextes aux conditions sécuritaires difficiles. Je me suis passionnée pour les programmes de protection de la population civile et en particulier les visites aux détenus. J’ai découvert le monde carcéral, les réalités complexes des populations qui vivent dans des régions en conflits et l’action humanitaire dans des contextes d’urgence.
Une vie passionnante avec aussi beaucoup de moments difficiles. J’ai été témoin de situations à la fois tristes et intolérables. J’ai eu peur pour mes collègues, la population et moi-même. Dans l’un des contextes, je ne pouvais me déplacer qu’accompagnée de gardes armés et dans certains contextes, j’ai fait face à des incidents de sécurité. J’ai appris à négocier et dialoguer avec des parties au conflit. J’ai vécu des moments surréalistes, que seuls ceux qui travaillent dans ce secteur peuvent vraiment comprendre
Au CICR ma carrière a très vite évolué. J’ai rapidement endossé d’importantes responsabilités à gérer de gros programmes, manager des équipes multiculturelles et interdisciplinaires et à occuper des postes de leadership.
Ma vie, c’était mon travail ! Dans ces contextes difficiles, je me suis fait des amis pour la vie. Dans ce secteur humanitaire et en particulier au CICR, je faisais partie d’une tribu, d’une famille… difficile à quitter le moment venu !
Bilan :
Travailler pour le CICR dans des pays en conflit a été une expérience hors du commun, autant au niveau professionnel que personnel. Je l’avoue : je suis fière d’avoir représenté le CICR, même si tout n’était pas toujours parfait !
J’ai compris beaucoup de choses sur l’humanité (autant belles que terribles). J’en retiens surtout d’innombrables histoires de résilience.
J’ai connu les rires et les pleurs, la joie et la peur, la compassion et la nécessaire distanciation émotionnelle, le stress et l’adrénaline. L’importance aussi du sens au travail !
Je n’ai réalisé que plus tard combien mon engagement professionnel influençait toutes sphères de ma vie. J’ai aussi fait le constat que j’avais peu d’emprise sur mon parcours professionnel qui dépendait avant tout des besoins opérationnels.
Au niveau personnel, pendant cette période, j’étais célibataire. Comme beaucoup d’humanitaires, j’ai fait face au défi de concilier mon engagement professionnel avec mes envies personnelles (prendre soin de moi, être en couple, fonder une famille, garder des liens avec mes proches restés au pays).
Les défis de la double carrière et du célibat géographique en expatriation.
En 2004, j’ai rencontré mon futur mari au Congo-Brazzaville. Il travaille aussi dans l’humanitaire.
En tant que couple en expatriation, nous avons fait face aux enjeux de la double carrière ! Si en 2005 nous avons décroché un poste chacun dans la même délégation de Khartoum… la veille du départ, mon futur mari a reçu un feu rouge médical. Je suis malgré tout partie à Khartoum et il a été envoyé en Afghanistan ! Nous avons alors expérimenté ce qu’on appelle le célibat géographique.
En 2006, nous avons eu une mission commune : l’Irak. Pour des raisons de sécurité, nous étions basés à Amman en Jordanie et faisions des aller-retours sur l’Irak.
C’est pendant cette mission que nous nous sommes mariés. Un statut qui a été labellisé comme « obstacle » dans nos dossiers RH respectifs ! Notre mobilité internationale devenait plus complexe à gérer aux yeux de notre employeur !
Bilan :
L’expatriation en couple comporte de nouveaux enjeux : combiner et constamment ré-évaluer les besoins et envies de chacun. Veiller aussi à cultiver une excellente communication.
Le célibat géographique est souvent considéré comme un passage obligé dans l’humanitaire, mais ne reste pas moins un défi important
Ma vision de l’expatriation a gentiment commencé à changer ! Mes choix ne se faisaient plus seuls et nécessitaient des ajustements à deux. Avec toutefois l’impact positif de ne plus seulement penser à mon travail, mais aussi à ma vie personnelle !
5 ans d’impatriation avec une nouvelle identité et de nouvelles valeurs.
En 2007, après 13 ans d’expatriation à mon actif, mon mari et moi avons chacun décroché un poste au siège du CICR à Genève ! Une aubaine ! C’est ce que nous voulions !
Joie et bonheur de retrouver une « vie normale » et de passer plus de temps avec nos proches !
Nous avons eu nos deux enfants en 2008 et 2010. Puis nous avons décidé de quitter la Genève internationale pour rejoindre la région où j’avais grandi à la campagne. Ravie de revenir à mes racines et de me rapprocher encore plus de ma famille et mes amis.
En parallèle, j’ai quitté le CICR, étant trop éloignée du siège avec des enfants en bas âge. Je suis retournée à l’enseignement, mais sans parvenir à m’épanouir professionnellement. J’avais besoin de pouvoir mieux combiner mes expériences passées, d’assurer un bon équilibre de vie et de rester dans un environnement plus international.
Pendant quelques années j’ai cherché quelle pourrait être ma nouvelle orientation professionnelle sans réussir à l’identifier. Pour la première fois de ma vie, je me sentais complètement perdue, alors que j’avais jusqu’ici toujours su rebondir ! J’ai finalement pris la décision de quitter l’enseignement, sans trop savoir quoi faire ensuite !
Bilan :
J’ai découvert combien il est parfois difficile de se réinventer, alors que jusque-là, j’avais toujours su naviguer avec facilité les transitions de ma vie pro et perso.
Avec le recul, j’ai compris que j’aurais pu mieux préparer ce retour. Je n’avais alors pas du tout réalisé combien mon identité et mes valeurs avaient changé. Je ne m’étais pas non plus rendue compte que j’expérimentais plusieurs grandes transitions liées à d’importants changements dans ma vie : un retour au pays, le nouveau statut de parent, la décision de quitter l’humanitaire, la nécessité de trouver une nouvelle voie professionnelle qui fasse sens à mes yeux, tout en trouvant un bon équilibre de vie.
Je n’avais pas saisi l’importance de mener une réelle introspection sur qui j’étais devenue et ce que je voulais vraiment. Surtout, je ne savais pas trop comment m’y prendre pour cette réflexion de fond !
J’ai appris depuis qu’il y a dans la vie des moments où l’on se questionne. Au fond, même si très inconfortable, c’est une période saine et salvatrice. Ce que je n’avais pas encore intégré, c’était l’importance de parfois se faire accompagner quand on se sent bloqué ! Je le découvrirai plus tard !
L’expatriation avec le statut de conjointe accompagnante.
Nous pensions rester en Suisse pour toujours, mais la vie nous a offert une nouvelle opportunité à l’étranger. En 2013, mon mari a eu la proposition d’un poste à New York avec le CICR !
Quelle synchronicité pour moi qui venait de quitter mon job d’enseignante et qui me posais mille questions sur la suite, alors que nos enfants n’avaient que 3 et 5 ans !
New-York, pour des humanitaires qui ont fait des années sur des terrains d’urgence, résonne comme une expatriation facile. Pourtant, les apparences ont été trompeuses !
Ce qui avait foncièrement changé pour moi, c’était le rôle que je venais d’endosser : celui de conjointe accompagnante ! Un statut rempli de défis : rupture avec mon identité professionnelle, dépendance financière, absence de cadre, aucune reconnaissance sociale, difficultés de trouver sa place et son équilibre.
Après des années comme salariée, je n’étais soudain, aux yeux de la société, plus que « la femme de… » ! Un statut qui au mieux génère de l’indifférence, et qui au pire, est considéré comme une source d’ennuis et de coûts supplémentaires pour l’employeur du conjoint porteur du projet professionnel !
En revanche, j’ai pu saisir cette chance pour reprendre mes études à l’Université de New York. J’ai choisi de me certifier en coaching professionnel et personnel.
Grâce à mes études, j’ai enfin été accompagnée. Je me suis aussi équipée d’outils pour clarifier qui j’étais et ce que je voulais vraiment pour tous les domaines de ma vie !
C’est ce qui m’a permis de trouver ma nouvelle voie professionnelle : celle d’accompagner les humanitaires, les conjoints accompagnants et les expatriés dans leur développement et transitions de vie et de carrière.
Bilan :
J’ai découvert les enjeux du statut de conjoint accompagnant et combien « apprendre à se réinventer » était absolument crucial dans ce rôle-là ! J’ai appris à me détacher du regard des autres et des jugements sur ce statut si mal compris, voire mal famé !
Grâce à cette expatriation à New-York, j’ai compris qu’il n’y a pas d’expat facile ou difficile. J’ai surtout réalisé que ce n’est pas tant le contexte, mais plutôt ce qu’il se passe en nous qui influence notre manière de l’appréhender.
À ma grande surprise, j’ai découvert une culture positive avec une approche qui encourage la prise de risque, l’entreprenariat et valorise l’échec ! Une belle source d’inspiration !
J’ai aussi réalisé à quel point j’aimais apprendre. Rependre mes études signifiait pour moi d’activer l’une de mes principales forces de caractère : l’amour de l’apprentissage.
C’est à cette époque que j’ai compris l’importance de parfois se faire accompagner dans ses questionnements et faces à ses transitions de vie et de carrière. J’ai expérimenté les bienfaits du coaching.
Une autre reconversion professionnelle et la création d’une carrière nomade.
Après mon année de formation à l’Université de New-York, j’ai continué à me certifier en coaching de groupe, psychologie positive, résilience, intelligence émotionnelle et sociale…et plus tard à la prévention burnout.
Et, pour pratiquer mon nouveau métier, je me suis mise à mon compte. J’ai créé mon entreprise nomade, adaptée à la carrière mobile et internationale de mon mari ! Moi, qui pensais ne pas être faite pour l’entreprenariat !
Pour me lancer à mon compte, j’ai rencontré beaucoup d’obstacles administratifs, principalement liés à mon statut de conjointe accompagnante (visa, permis de travail…). J’ai heureusement réussi à les surmonter pour enfin m’épanouir à tous les niveaux : professionnel, personnel et familial.
Après 3 ans à New-York, nous avons enchaîné sur une nouvelle expatriation… à Washington ! L’originalité étant que ce déménagement se faisait dans le même pays ! Du jamais vu ! Mon mari et moi avons trouvé ce changement facile et très positif.
Pourtant, contre toutes attentes, ça a été particulièrement compliqué pour notre fils cadet qui avait alors 6 ans. Il a très mal vécu ce déracinement de son école, ses enseignantes, son cadre de vie et ses amis. Il est passé par des moments difficiles (régression, terreurs nocturnes, anxiété, etc.). Heureusement, au bout de quelques mois, il s’est finalement bien intégré à sa nouvelle vie et tout est rentré dans l’ordre.
Nous avons pu construire sur cette expérience pour faciliter ses futures transitions de vie, en lui rappelant combien il avait réussi à surpasser cette période compliquée pour lui
Bilan :
J’ai découvert qu’être coach à son compte c’est aussi devenir entrepreneure ! J’ai dû endosser de multiples casquettes et je me suis régulièrement formée, que ce soit en gestion d’entreprise, marketing, conception de site, SEO, etc. Finalement, j’ai non seulement beaucoup appris de mon métier de coach, mais aussi de mon statut d’entrepreneure.
J’ai adoré cette possibilité de pouvoir adapter mon activité professionnelle à mes besoins personnels et familiaux. Mais j’ai compris aussi que, bien que je sois à mon compte, mon étiquette de conjointe accompagnante reste malgré tout toujours le premier regard porté sur moi !
J’ai depuis un métier que j’adore ! Il me permet d’accompagner des personnes qui souhaitent créer des changements positifs dans leur vie pro et perso. Ils ont toutes et tous des parcours et profils uniques et qui forcent l’admiration ! Chaque accompagnement est une magnifique rencontre !
On dit toujours que les enfants sont agiles et s’adaptent facilement aux changements ! C’est vrai ! Pourtant parfois, c’est aussi important de normaliser le fait qu’eux aussi peuvent rencontrer des difficultés. C’est difficile en tant que parent de ne pas culpabiliser d’imposer tous ces changements à ses enfants. J’en retire aujourd’hui une leçon importante : la résilience se construit dans l’adversité ! Cette vie d’expat a permis à mes enfants de développer leur résilience et leur adaptabilité… en plus d’être devenus bilingues !
Les expatriations en famille s’enchaînent et l’éloignement est plus réel que jamais.
En 2019, nous quittons les États-Unis pour la Jordanie. Le pays où mon mari et moi avions vécu notre première mission commune ! Une région que j’affectionne particulièrement, mais où travailler avec un visa de conjointe n’était pas possible.
Le COVID est également venu perturber cette période avec un confinement très dur. La famille est restée enfermée 4 mois dans notre appartement. Sans compter les multiples week-ends en « lock-down ». Les enfants ont vécu 18 mois d’école en ligne. Nous en sommes pourtant ressortis plus forts que jamais en tant que famille !
La distance avec nos parents et amis restés au pays, avec l’impossibilité de rentrer pendant 18 mois, nous a énormément pesé ! L’absence d’un « chez nous » en Suisse nous a également questionné ! Avec des enfants, assurer les liens avec les grands-parents restés au pays et leurs racines est devenu un enjeu important.
En 2021, nous nous installons à Yaoundé au Cameroun : un retour en Afrique qui nous ravit ! Nous sommes heureux de faire découvrir ce continent à nos enfants. Nous réalisons aussi à quel point chaque pays d’Afrique est différent.
De mon côté, les conditions étaient réunies pour continuer à développer mon activité professionnelle. Je me sens toujours aussi chanceuse d’accompagner des humanitaires, expatriés et conjoints accompagnants aux profils et parcours les plus divers. À leurs côtés, je grandis !
Ce mois-ci nous amorçons notre 4ème année à Yaoundé avec nos enfants devenus adolescents. Tout au long de leurs expatriations, nos ados ont fait preuve d’une grande flexibilité en changeant 6 fois d’école (et d’amis) et surtout 5 fois de système scolaire. Le cursus scolaire dépend grandement des possibilités dans nos pays d’accueil. Ils sont actuellement dans des années charnières de leur scolarité où un changement de système scolaire n’est plus envisageable. En conséquence, nos choix d’expatriation ont un réel impact sur leur avenir.
Un autre point qui a changé pendant ces années-là, c’est l’âge de nos parents respectifs ! Maintenant octogénaires (ou presque, ils font de plus en plus face à des soucis de santé. L’année dernière, mon mari a perdu son père ! Dans ces moments-là, notre choix d’une vie d’expat se retrouve fortement remis en question !
Bilan :
J’ai compris combien à chaque nouvelle expatriation, un nouvel effort pour me réinventer, mais surtout aussi réinventer mon entreprise est systématiquement nécessaire. J’ai réalisé combien la persévérance est clé !
J’ai découvert combien l’expatriation en famille est une expérience inoubliable. Elle nous rapproche et enrichit nos enfants pour la vie. Ils sont devenus ce qu’on appelle des enfants de troisième culture ! Nous avons la chance qu’ils aient fait preuve d’incroyables capacités de résilience. Ils continuent à se concentrer sur le positif plutôt que les difficultés.
En revanche, maintenant qu’ils sont adolescents, j’ai réalisé que la scolarité est devenue un enjeu crucial qui rend notre mobilité internationale bien moins flexible. C’est malheureusement aussi noté comme un obstacle dans le dossier RH de mon mari. Et pourtant, nous n’avons pas d’autres choix que de considérer leur scolarité comme une priorité.
Avec les années, j’ai également réalisé combien l’éloignement avec nos proches est devenu de plus en plus difficile à gérer et accepter. Ça nous a poussé à enfin acquérir un appartement à nous : un pied-à-terre près de Genève pour faciliter nos visites au pays, tant qu’on est sur le terrain.
L’expatriation pour toujours ou retour au pays ?
Pour l’instant, nous sommes basés au Cameroun. La suite nous ne la connaissons pas encore.
Ça implique un flou professionnel pour mon mari et pas mal de pression sur ses épaules quand à où et comment il va faire bouger sa famille (ses dépendants, comme les disent souvent les employeurs !
De mon côté, ça génère aussi des incertitudes sur la suite de mon activité professionnelle ! Bien que nomade, j’ai appris tout au long de ces 10 dernières années que chaque nouveau changement nécessite inévitablement de réajuster mon activité professionnelle
Ça signifie aussi pour nos enfants, actuellement dans des années charnières de leur scolarité, de faire preuve d’une grande implication scolaire pour minimiser l’impact d’un changement d’école. Nous sommes tous conscient qu’il sera inévitablement au moins bon moment de leur scolarité, en particulier pour le grand qui est en avant-dernière année du baccalauréat.
Expat ou impatriation ? Nos envies sont claires : nous souhaitons rentrer en Suisse pour les années à venir ! Mais, comme pour beaucoup d’expatriés, nous ne sommes pas totalement aux commandes de cette décision.
En attendant nous savourons encore un peu notre vie à l’étranger. Surtout que l’expatriation, soyons clair, fait maintenant partie de mon (notre) ADN !
Conclusion
Pour rien au monde je ne changerais ma vie et mon parcours. J’ai vécu des expériences incroyables. J’ai appris et me suis enrichie tout au long du chemin !
L’expatriation est souvent perçue comme une vie privilégiée. C’est vrai, l’expatriation nous apporte énormément et nous permet de vivre très souvent dans de belles conditions !
Pourtant, je crois que mon parcours démontre que c’est aussi un style de vie qui comporte des défis importants. Par ailleurs, chaque expatriation est très différente l’une de l’autre !
Comme je le dis plus haut, quoiqu’il en soit, après toutes ces années à l’étranger, l’expatriation a forgé mon identité et fait maintenant partie intégrante de mon ADN.
Même si un jour je rentre, je garderai toujours, au fond de moi, ce petit gène de l’expat. Tout comme j’ai gardé celui de l’humanitaire, une tribu que je n’ai jamais totalement quittée !
Et toi ? Quelles sont les leçons que tu retiens de ton parcours d’expatrié, d’humanitaire ou de conjoint accompagnant ? N’hésite pas à m’en dire plus !